5emeD Carême C - 2019
Grande Assemblée - Cathédrale St Maurice
S’il est signe que notre monde va encore dans le bon sens, c’est peut-être la recherche de la justice…
Parfois cela est long et traverse bien des combats, mais la recherche de la justice et donc de la vérité est déjà une attente du salut, d’un bien plus grand et donc déjà une recherche de Dieu !
Et nous ? recherchons nous la justice ? Cherchons nous à faire ce qui est juste ?
Non pas simplement pour être en règle avec une loi d’un pays, d’une Eglise, ou de la loi morale inscrite en l’homme, mais pour être juste aux yeux du Seigneur? Vivons nous ajusté à lui? Avançons nous dans le désir de lui plaire en toute chose ?
On sent bien que c’est un peu plus complexe que d’être en accord ou non avec une loi. Cela demande une réponse de vie, un engagement sur un chemin, la prise en compte d’une histoire, de ce qui est possible ou pas encore à un tel ou tel moment.
Cela nous demande de passer de la lettre de la loi à l’esprit de la loi.
St Paul qui était un fervent juif grand connaisseur de la loi de Moise et pourfendeur de la vérité, devait être reconnu et estimé de beaucoup. Il vient de nous dire qu’il considérait maintenant tout comme des ordures ! Il a perdu ce qui faisait sa sécurité et son honneur. Pour quoi? disons plutôt pour qui ?
Pour vivre avec le Christ !
Pour lui, la justice émanant de la loi de Moïse n’est rien par rapport à un bien plus grand : la justice offerte par la foi en Jésus Christ !
Comment comprendre cette justice divine offerte en Jésus ?
Et bien en participant à sa vie ! En vivant chaque instant en communion avec lui, dans sa mort et sa résurrection, qui annoncent notre propre mort et résurrection.
Rendez-vous compte à quel point St Paul a été bouleversé. Il a converti sa façon de penser, de voir, de vivre, parce que son existence est passé d’une observance d’une règle à la rencontre du Dieu vivant qui est devenu pour lui source de salut, de pardon, d’amour, puissance de vie, de résurrection.
La conversion à laquelle nous sommes appelés en ce dimanche de Carême est ce passage dans notre existence de la conception d’une foi comme une règle, ou pire comme une contrainte, à l’accueille du Dieu vivant en Jésus Christ le seul sauveur !
Quand Paul vit cette conversion, il ne vit pas un simple changement de religion pour passer du judaïsme au christianisme. Il laisse derrière lui une observance de la loi qui était déjà bonne pour la vie en société, pour la survie, et une certaine justice, à la relation avec le Christ qui le saisit comme il le dit si bien. Et il s’est laissé saisir !
Son existence devient orientée vers la vie nouvelle qui a déjà commencé en lui et qui se mènera à sa perfection quand il aura complètement saisi ce que sa foi entrevoit !
“Lancé vers l’avant, je cours vers le but en vu du prix auquel Dieu nous appelle là haut dans le Christ Jésus…”
C’est à cette conversion là que nous sommes sans cesse appelé. Si nous avons parfois du mal à nous convertir vraiment, même en ce temps de carême, c’est peut être parce que c’est plus souvent l’observance d’une règle de bonne conduite qui guide notre vie que la personne du Christ qui nous aurait saisi d’amour !
C’est aussi parce que nous nous attachons à ce qui ne peut que vieillir et disparaître et qu’il nous faudra pourtant laissé derrière nous pour avancer dans la confiance et la paix.
C'est parce qu’aussi nous oublions trop souvent le but : la sainteté, la vie en Dieu, le bonheur promis … et pas seulement la satisfaction du temps présent qui finira toujours par nous lasser.
Avons-nous envie de saisir le Christ ? Avons nous envie de vivre avec lui dès maintenant et pour toujours ?
Jésus veut faire faire cette même conversion à ceux qui lui amène cette pauvre femme !
Elle ça ne sera pas difficile pour elle à se convertir puisqu’elle est au bout du rouleau ! Elle se dit qu’elle vit ces dernières minutes en ce monde. Alors quand Jésus la sauve de cette fin ignoble, quand il lui dit qu’il ne la condamne pas et qu’il l’invite à vivre une vie nouvelle “ne pèche plus !”, vous ne croyez pas qu’elle n’a pas été saisi comme St Paul ? C’est ce que le Christ fait pour nous quand il nous relève du péché, quand il nous pardonne, il nous saisit de la boue pour nous remettre debout devant lui !
Par contre pour ceux qui sont là autour, c’est plus dur ! Même si Jésus s’abaisse pour écrire sur le sol. Il s’abaisse pour ne pas prendre la place de juge qu’ils voudraient lui donner, pour ne pas devoir émettre la sentence, car c’est la miséricorde qu’il désir au coeur touché et qui accepte de répondre.
Il ne veut pas juger l’affaire avec la loi, car il souhaite toucher leurs âmes !
Il est venu accomplir la loi, au sens de la mener à sa perfection.
Ce n’est pas tellement la loi morale qu’il veut faire respecter pour maintenir le confort d’une élite qui se mettrait au dessus de tout soupçon et qui se donne bonne conscience en rejetant le mal de leur coeur sur certains qui eux, sont plus ostensiblement coupables ! Mais c’est aussi de leur coeur qu’il veut voir la haine s’apaiser pour laisser place à la justice divine et à sa miséricorde.
Nous entrons ces jours-ci dans le temps de la passion. C’est lui Jésus qui sera mis au centre est accusé ! C’est lui le Juste qui deviendra le coupable à supprimer pour rendre justice à la loi !
C’est lui qui fera de cette épreuve ultime, le lieu d’une source vive et vivifiante comme l’eau jaillit du désert dans le livre d’Isaie !
Alors qu’ils le condamnaient pour satisfaire leur besoin de justice, pour être soulagé de la haine qui habite leur coeur et pour ne pas devoir vraiment se convertir, Jésus le Christ vient comme les saisir dans son offrande. Sa mort et sa résurrection devient justice divine, qui pardonne, libère du mal, offre la paix ! Elle devient le chemin d’une conversion qui ouvre à une vie nouvelle !
N’ayons pas peur de nous convertir en ce temps du Carême non pas tant pour nous satisfaire de tel ou tel effort que nous aurions fait : mais pour nous tourner résolument vers le Christ, qui est le seul à pouvoir nous sauver dans son offrande !
“Laissez vous saisir par le Christ !”