La veille de sa mort, Jésus a célébré une dernière fois la Pâques juive avec ses disciples.
Au cour du repas pascal, il vient donner un sens nouveau au pain et à la coupe partagés entre tous. Ce pain et ce vin ne seront plus simplement la mémoire de la délivrance du peuple d’Israël de l’esclavage d'Égypte mais signifieront son corps et son sang offert pour nous rendre libre du péché, de la mort, et nous associer aux membres vivants de son corps.
St Jean ne raconte pas le récit de l’institution de l'eucharistie. Il développe ce thème dans le chapitre 6 que l’on nomme le discours du “pain de vie” !
Il vient donner le sens de ce que le Christ va vivre dans sa mort et sa résurrection et qui est aussi le sens de l'eucharistie : la mémoire de son sacrifice par amour et pour le salut des pécheurs.
St Jean nous fait contempler le récit du lavement des pieds.
Dans celui-ci nous voyons Jésus qui renverse une fois de plus nos conceptions humaines. Lui qui est Maître et Seigneur, prend la place du serviteur, de l’esclave.
Il fait de ce geste un exemple pour ses amis afin qu’ils reprennent toujours conscience du sens de son sacrifice. Ils pourront apprendre encore et toujours qu’aimer comme Dieu s’est prendre la place du serviteur.
Peut-être le savons-nous déjà ? Mais le vivre vraiment est bien difficile. Notre volonté est souvent de rechercher les honneurs et la gloire, ou à faire notre place, à dépasser les autres ou à paraître. Comme disait le pape François aux jeunes dimanche dernier : “les héros ce ne sont pas ceux qui ont renommée, argent et succès, mais ceux qui se donnent eux-mêmes pour servir les autres. »
Nous le voyons encore ce soir, Dieu qui pourrait revendiquer la première place vient prendre la dernière et s’abaisse à nos pieds !
Là est dit son amour, son salut, le soin qu’il nous porte.
Laissons-nous aussi aimer par Dieu jusque dans nos faiblesses, jusque dans nos incapacités à aimer et à nous laisser aimer avec bienveillance et tendresse.
En Jésus, Dieu est accessible ! Personne n’est écarté. Personne ne peut se sentir trop bas ou trop loin de lui. Personne ne doit rester dans la peur de le recevoir comme sauveur. Car si sa justice ne laisse rien passer du mal, elle ne se dit que dans la tendresse et l’abaissement du créateur devant sa créature qu’il vient servir.
La toute puissance de Dieu est dit là dans l'abaissement et le don de lui même.
Le lavement des pieds est le testament du Christ Sauveur ! Après cela Jésus leur dit : c’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez vous aussi comme j’ai fait pour vous ! Cela nous rapproche des parole eucharistique quand il nous dit : "vous ferez cela en mémoire de moi !" L’eucharistie et le service des frères sont intimement liés.
En ce jeudi saint si particulier cette année, nous pensons à tous ceux qui prennent soin des autres, dans les hôpitaux, les ehpad, à domicile, ceux qui servent dans la discrétion du quotidien et souvent sans même savoir qu’ils accomplissent la Parole du Christ.
Rendons grâce à Dieu ce soir de nous associer à sa vie et à sa mission. De nous appeler encore à reprendre joyeusement le tablier du service. A prendre soin de nos frères et ainsi à prendre soin du corps du Christ. C’est notre mission à tous, reçue dans notre consécration au jour du baptême où nos vies ont été pour toujours unies à la sienne.
Pour notre part, notre ministère de prêtre est d’être à votre service pour que vous viviez pleinement cette vocation : Merci du “oui” que vous donnerez encore au Christ. - Amen.