Frères et Soeurs,
j’imagine bien les Stes femmes trépigner d’impatience dans l’attente de pouvoir enfin se rendre au tombeau !
Le corps de Jésus descendu de la croix, fut déposé dans un sépulcre juste avant le repos du Sabbat. Ce jour-là, il n’était donc pas permis pour elles de sortir pour venir se recueillir et prier auprès de celui qu’elles avaient aimé et accompagné. Elles attendirent les lueur du jour suivant pour se rendre en toute hâte auprès de leur ami et Seigneur.
Nous connaissons bien ces textes que nous recevons chaque année dans les premiers jours du temps pascal.
Cette année, ces versets peuvent raisonner plus fortement pour nous alors que nous ne pouvons pas sortir pour nous rassembler et chanter ensemble la joie de la résurrection.
C’est la Parole de Dieu qui vient nous visiter là où nous sommes. Elle nous dit la présence du Christ Vivant et nous appelle à la foi et à l’espérance.
Vous avez peut-être noté que par trois fois St Mathieu utilise le mot “crainte”. Plus une quatrième fois pour les gardes.
Il ne parle pas du don de crainte qui est utilisé dans la Bible pour dire notre obéissance à Dieu et notre désir de lui plaire mais de la peur.
Cette peur que nous connaissons tous à un moment ou l’autre de notre vie.
Elle est nécessaire quand elle nous permet d’échapper à la menace d’un agresseur ou d'un danger immédiat.
Mais elle nous immobilise ou nous fait réagir au delà de ce que nous aurions aimé faire quand nous la laissons mener notre vie.
Dans ce texte d'Évangile nous voyons les gardes qui, pris par la peur, s’écroulent comme morts ! Nous voyons aussi les femmes qui reçoivent l’appel à ne pas avoir peur devant le tombeau vide et plus loin devant Jésus ressuscité qui les envoi en mission auprès des disciples.
Et nous ? Quelles sont ces peurs qui prennent place en nos coeurs ?
J’en distingue 3 :
La peur de l’autre, ou de l’inconnu. C’est elle qui nous fait rejeter les autres et les considérer comme une menace pour notre sécurité, ou notre confort. Rejeter aussi ce qui bouscule nos conceptions, nos idées, ce qui nous dérange ou remet en cause les cadres et certitudes qui nous rassurent.
Il y a aussi la peur de l’avenir. Elle rejoint la peur de l’inconnu. Ce qui veut nous faire croire que tout dépend de nous. Celle qui nous fait engranger des richesses au cas où … parfois cette richesse ce sont des pâtes ou du papier toilette ! Celle aussi qui nous fait regarder en priorité ce qui est sombre. Cela fini par nous rendre méfiant de cette vie, de ce qu’elle nous réserve car il y a tant de souffrance et de catastrophes ...
Et puis il y a la peur de Dieu. Qui n’est pas forcément la peur de son jugement. Je crois que c’est plutôt la peur de notre faiblesse. C’est la peur d’Adam qui prend conscience qu’il est nu et qui se cache de Dieu. C’est la peur de cette faiblesse, parfois même de cette dépendance, qui nous oblige à ne plus pouvoir compter uniquement sur nous même pour compter aussi sur les autres et avant tout sur Dieu… Cette peur s’affronte en choisissant l’humilité et la remise en question sur le regard que nous posions sur nous-même. Face à ce choix certains préfèreront la mort plutôt que de devoir dépendre des autres ou de Dieu.
Avec l’Evangile, nous comprenons que la résurrection du Christ nous concerne. Nous célébrons aussi ce soir notre propre passage de la mort à la vie ! Dans le Christ, même notre propre mort est transformée. Elle n’est plus un échec, une fin, mais un passage qui nous ouvre à la rencontre, à la plénitude de Dieu.
Ainsi Dieu vient même nous délivrer de la peur de la mort.
Dès maintenant, sa résurrection est donc un appel qui veut nous faire passer de la peur à la foi ! Qui vient ouvrir nos yeux sur ce qui est déjà en nos vies, signe d’une vie plus forte que la mort.
Ce qui a immobilisé les gardes les rendant comme mort, n’a pas anéanti les femmes qui, dans leur crainte, ont accueilli la parole de Dieu. Elles ont reçu cette Parole qui leur disait, comme à chacun de nous ce soir, au coeur de ce que nous traversons :
“Soyez sans crainte, Christ est Ressuscité !”