Nous sommes encore dans l’octave de Noël, et la liturgie nous donne de fêter la Ste Famille de Jésus, Marie et Joseph.
Avec cette fête c’est tout d’abord l’incarnation du Verbe de Dieu que nous célébrons. Lui qui est Dieu, s’est fait semblable à nous, et a vécu la condition même de l’enfant dépendant de ses parents pour sa survie, pour sa croissance, pour son apprentissage à vivre dans le monde avec ses réalités.
Dieu s’est fait petit, vulnérable, dépendant !
“Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis.”
Il descend du Ciel, jusqu'à Nazareth, lieu d’enfouissement dans la réalité humaine. On ne sait rien de l’enfance du Christ, mais nous imaginons la vie de famille avec Marie, Joseph, leur proche et leur voisin, dans une vie ordinaire et fidèle à l’écoute de la Parole de Dieu, à la prière, comme pouvaient déjà le vivre Marie et Joseph.
Méditons en ces jours, le mystère de l’incarnation du Verbe de Dieu dans le quotidien d’une enfance ordinaire de l’époque, qui nous invite à vivre nos quotidiens comme des lieux où Dieu nous rejoint et nous parle.
L’Eglise en nous donnant de fêter la Ste Famille, veut aussi nous donner un modèle.
Non un modèle unique car j’espère que vous ne vous prenez pas pour la Vierge Marie ou pour St Joseph et que vous avez remarqué que vos enfants ne restent pas très longtemps des beaux petits Jésus pour ne pas dire des petits anges !
Mais c’est un modèle de vie pour une réalité qui touche tout homme en ce monde, d’être né dans une famille plus ou moins ordinaire, plus ou moins unis et solide, plus ou moins fortifiante.
Aucune famille n’est parfaite, mais le défi est qu’elle puisse être le lieu privilégié pour l’épanouissement et la construction de la personne humaine.
Le modèle que l’Eglise et la liturgie nous propose n’est donc pas un modèle de forme mais un modèle de vie !
Une vie familiale où Dieu a toute sa place et où il en devient même le principe et la référence.
Dieu est amour et cet amour est communion. C’est ce qui nous est rappelé dans la lettre de St Jean. N’est-ce pas ce qui devrait être recherché profondément dans une famille : un amour qui se dit et se vit par la communion de ses membres ?
L’un des chemins pour vivre cela et que la liturgie de ce jour semble nous indiquer, c’est de vivre la vie de famille dans une relation vivante avec Dieu, source d’amour véritable, de réconciliation et de communion.
Ainsi ce défi de la vie familiale dans lequel des jeunes couples s’engagent, ne peut reposer sur une simple bonne volonté. Il pourra pleinement s’épanouir en n’oubliant pas sa source et sa destination qui est la vie en Dieu.
Anne, la mère de Samuel, que nous avons entendu dans la première lecture nous en donne l’exemple. Elle qui a longtemps pleuré dans sa prière pour obtenir ce fils, ne fait pas preuve d’ingratitude et reste fidèle à Dieu en tout temps. Elle lui consacre celui qu’il lui a donné comme elle l’avait promis dans sa prière. Sa maternité et la consécration de son fils Samuel, sont comme une action de grâce pour la vie reçue d’un autre. Elle respecte ainsi profondément sa vocation en vivant déjà de l’amour de Dieu qui est don !
En écoutant ce texte je me disais que bien des parents n’ont pas toujours une attitude toujours très chaste envers leurs enfants. Ils se l’approprient comme un bien parce que c’est eux qui lui ont donné naissance. Mais cette vie ne leur appartient pas ! Et parfois, toujours pour de très bonnes raisons, ils veulent que leurs enfants deviennent selon leur désir et leur rêve. Cela ne rend pas heureux et cause bien des difficultés dans les familles qui ne sont pas dû seulement à la désobéissance des enfants !
C’est d’ailleurs interpellant aussi dans l’Evangile de ce jour. Marie et Joseph ont fait la volonté de Dieu. Mais ils se laissent encore déplacer intérieurement par Jésus. Leur peur de l’avoir perdu, se transformera en écoute de la Parole de celui qui est toujours unis au Père. Peut-être le trouvaient-t-ils encore bien jeune !
Jésus révèle ainsi son intimité avec la Père et déjà sa mission. Son désir d’être là dans le temple, et de discuter avec les anciens traduit sa volonté d’être réellement à ce que le Père attend de lui.
“Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ?”
Jésus sera chez son Père à chaque instant de sa vie. Même en sortant du temple et en descendant à Nazareth et ce jusqu’au don de lui même sur la croix !
C’est le chemin qu’il nous ouvre à sa suite. Nous pouvons demeurer dans la maison de Dieu ! Non enfermé à l’église, mais en établissant la demeure de notre coeur en Dieu comme Dieu veut demeurer en nous !
Apprenez cela à vos enfants et petits enfants. Apprenez-leur à vivre non comme des solitaires mais comme des consacrés ! C’est à dire, tout d’abord, à reconnaître que la vie leur a été confié, qu’elle est don. Reconnaître que Dieu est créateur et origine de toute vie ! Et puis ensuite à vivre la consécration du baptême. C’est à dire d’être un fils ou une fille du Père.
La question ne sera plus alors : comment je vais réussir ma vie ? Question qui met une pression atroce aux jeunes confrontés aux modèles de réussite que le monde leur propose. Mais plus fondamentalement : comment je vais plaire à Dieu ? Comment ma vie va refléter ce qu’il est ? Comment je vais répondre à ma vocation ? A ce qu’il a déposé dans mon être ? Comment répondre à l’appel pour faire de ma vie un acte d’amour à la suite du Christ, et comment je vis déjà cela en tant que jeune ?
Le modèle de la famille à l’exemple de la Ste Famille n’est donc pas un modèle de forme mais un modèle de vie qui cherche à plaire à Dieu, qui le fait connaître et aimer. Elle permet à ses membres d’être bénéficiaires de la Bonne Nouvelle et de ses dons.
Mais aussi elle permet à Dieu d’être Dieu, source, centre et sommet de toute vie fondée sur l’Amour véritable !
Il n’est donc pas étonnant que l’Eglise se compare aussi à une famille. Comme nous l’avons d’ailleurs formulé dans notre vision paroissiale ! “La paroisse est comme une famille”
Ce groupe de personnes unies par la foi en Jésus Christ, forme un peuple de frères, pour vivre une communion dans l’amour de Dieu, dans la grâce de l’Esprit-Saint.
De même, nos familles de coeur ou de sang, même petites, sont déjà comme des Eglises domestiques. Non parce qu’elles sont le tout de la vie de l’Eglise, mais parce qu’elles sont composées d’hommes et de femmes qui se reconnaissent frères et soeurs appelés à demeurer unis dans l’amour !
Prions ensemble, Dieu le Père de tous les Hommes, d’affermir notre désir de l’écouter et de lui plaire, pour que nos familles et nos Eglises, deviennent la demeure de Dieu.
Esprit Saint, conduis-nous, conduis nos familles, nos communautés, par les chemins de la réconciliation et de la paix à la communion dans l’amour.
Que la Vierge Marie et St Jospeh nous guident et nous protègent. Amen.