27DTOC- GA - 6 octobre 2019 - Spécial Jeunes
Je voudrais m’adresser à vous chers jeunes, enfants, adolescents, jeunes adultes, en ce dimanche de Grande Assemblée où nous avons voulu vous mettre à l'honneur en ce début d’année scolaire qui apporte souvent pour vous beaucoup de nouveautés. Et aussi m’adresser à ceux qui vous accompagnent dans la catéchèse, l'aumônerie et les différents mouvements.
Je voudrais vous dire que vous êtes, non pas l’Eglise de demain comme on l’entend parfois, mais l’Eglise d’aujourd’hui, et que vous êtes ici chez vous, c’est votre paroisse.
Dans la vision de notre paroisse nous disons qu’elle est une famille.
On sait bien qu'une famille ce n'est pas toujours tranquille. Il y a parfois des tensions. A un certain moment on voudrait s'en éloigner, mais c'est aussi le lieu de grande joie, de soutien, et surtout le lieu où l'on apprend à aimer et à se faire confiance dans la vérité.
Quand on dit que notre paroisse est une famille, c’est aussi pour qu’on n’oublie pas que c’est par Jésus que nous sommes devenus des frères et soeurs. C’est lui qui fait notre communion, notre unité.
C'est le lieu aussi où se forme le peuple de Dieu composé de jeunes et de vieux. Les uns donnent dynamisme et espérance quand les autres témoignent par leur fidélité et leur sagesse. C’est ainsi que l’on peut s’aider à grandir mutuellement dans la foi et prendre soin des plus fragiles.
Chacun est donc attendu, espéré, et a une place unique et nécessaire, pour vivre cette relation fraternelle avec tous et pas seulement avec ceux que l’on aime bien ou avec qui on a les mêmes idées.
Ce qui nous rassemble, c’est la foi en Jésus, Fils de Dieu, Sauveur !
Cette foi que les disciples auraient voulu plus grande ! “Augmente en nous la foi” disent-ils à Jésus !
Et la réponse de Jésus est étonnante, puisqu’il semble dire que nous n’avons même pas la foi comme une graine de moutarde. Puisqu’on arrive pas à faire l’impossible.
On pourrait comprendre aussi qu’il n’en faut pas beaucoup pour vivre l’extraordinaire puisqu’une graine de moutarde ce n’est pas bien gros !
C’est donc une bonne nouvelle pour nous. Frère Roger de Taizé disait aux jeunes de ne pas attendre d’avoir tout compris de l’Evangile, mais il disait “ ce que tu as déjà saisi de l’Evangile, aussi peu soit-il, vit-le intensément !”
La suite de l’Evangile semble nous dire que nous devons servir comme des serviteurs quelconques !
Nous on n’aime pas bien ça. Même si l’on comprend qu’il y a là un chemin d’humilité. On aime bien qu’on reconnaisse ce que l’on a fait de bien ! On est d’autant plus motivé s’il y a une récompense ! Une médaille ! Et tout simplement on n’aime pas être transparent aux yeux des autres !
Mais Jésus utilise un exemple de la vie ordinaire des gens de son époque, pour leur faire saisir que cela leur paraît tout à fait ordinaire que le serviteur se trouve à sa place de serviteur et fasse ce qu’il doit faire en temps et en heure. Personne ne conteste cela à Jésus. Mais il faut aller plus loin.
Nous pouvons entendre par là, que nous ne sommes pas le maître de la mission, nous ne sommes pas le maître de nos vies. Il y a dans la foi comme une juste place qui est à retrouver. On ne peut envisager de tout contrôler, mais plutôt accueillir dans la foi ce qui est donné.
Cependant, Dieu attendrait-il de simple serviteur qui fasse leur boulot sans demander quoi que ce soit ?
Je ne crois pas que c’est vraiment cela, car cet exemple de Jésus, nous renvoie à un autre repas. Dans celui-ci c’est Jésus qui se fait serviteur. Et cela surprendra beaucoup plus ses disciples que cette histoire. Lui le maître va prendre la place du serviteur et laver les pieds de ses disciples et les servir à table. A tel point que Pierre sera tenté de refuser.
Si cela nous semblait normal que chacun fasse ce qu’il a à faire, à la place qui est la sienne, Jésus nous fait entrer dans la logique de la foi. Celle-ci n’est pas une question de quantité plus ou moins importante, mais une question de renversement, de changement de regard.
Ce qui est extraordinaire et à rechercher, n’est pas la quantité ou même la qualité de la foi car celle-ci peut-être très faible pour faire de grandes choses, mais la conversion du regard, le changement de point de vue, et la priorité donnée à l’amour qui se fait service de l’autre.
Du coup on pourrait se demander, non pas si j’ai beaucoup de foi ou non, mais comment dès maintenant
la foi change-t-elle mes priorités ?
Comment change-t-elle mon point de vue ?
Comment renverse-t-elle mon jugement sur ma vie, sur le monde, sur les autres, pour entrer dans le jugement de Dieu qui n’est qu’amour et miséricorde tout en étant juste ?
Est-ce que j’accepte que ça ne soit pas moi qui grandisse, qui m’élève, qui augmente en foi et en perfection comme on le pense souvent pour toutes nos activités… mais que ça soit lui, Dieu, qui descende vers moi pour pour me servir, pour me nourrir, pour me relever.
Est-ce que je veux prouver à Dieu que je suis bon et capable de lui plaire ?
Ou est-ce que je veux me laisser aimer et sauver par lui, en acceptant de compter sur lui ?
Dans l’Eucharistie que nous célébrons, nous rendons grâce à Dieu pour l’oeuvre d’amour qu’il nous a donnée en Jésus son Fils bien aimé.
Nous rendons grâce pour tout ce qu’il nous a donné à commencer par cette vie que nous aimons, même si parfois elle peut être éprouvante.
Et nous accueillons le don qu’il nous fait.
Nous nous laissons servir, nous répondons à son invitation à passer à table afin que lui même nous nourrisse et se donne à nous parce qu’il nous a aimé jusque là. Parce que c’est de là que nous recevons la force et l’audace de devenir à notre tour serviteur de notre humanité, serviteur de nos frères, afin que tous puissent reconnaître et accueillir celui qui les appelle à la foi !
“Ceux qui nous rencontrent font l’expérience d’être aimé du Père” disons-nous dans notre vision.
Ceux qui me rencontrent, font-il l’expérience d’être aimés du Père ?
C’est une grande et exigeante mission.
Elle m’appelle sans cesse à la conversion, pour laisser Dieu me façonner à son image.
Elle m’appelle à revenir sans cesse à la source de ce que j’ai reçu, à la grâce de mon baptême, de ma confirmation, mais aussi quotidiennement de la prière, de l’Eucharistie, du sacrement du pardon. A la source de l’Esprit-Saint, le don de Dieu, qui me sanctifie et qui m’envoie comme témoin, dans la joie que donne la foi.
“Ravive le don gratuit de Dieu
ce don qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains
Car ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné,
mais un esprit de force, d’amour et de pondération.
N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur,”
Comme le rappelle St Paul à Timothé.
Frères et Soeurs,
Recevons encore le don de l’Esprit-Saint en présentant nos coeurs et nos vies dans l'offrande de cette Eucharistie, où le Seigneur fait de nous son Corps !
Seigneur, nous avons tant besoin de toi, mets en nous la foi !
Amen.