Avec le récit des
noces de Cana, nous sommes au début de l’Evangile de Jean.
Ce texte est comme une
porte qui nous montre ce que la venue du Fils bien aimé du Père
accomplit en notre humanité.
A la suite de la fête
de Noël, de l'Epiphanie et du Baptême du Christ, nous avons là une
théophanie, une manifestation de qui est Dieu et de la façon dont
il se révèle à nous.
Autrement dit, Jean
souhaite davantage nous parler de la venue du Christ que de nous
raconter un bon souvenir de mariage. D’ailleurs on ne sait même
pas qui sont les mariés, ce n’est pas là l’important.
Si à Noël nous avons
célébré Dieu qui se fait homme, à l'Epiphanie le Christ comme
lumière pour les nations, et le baptême du Christ comme celui qui
nous donne d'être plongé dans cette relation de fils bien aimé du
Père, la fête de Cana nous montre la venue du Christ comme la
célébration d'une alliance nouvelle.
D'ailleurs à regarder
de plus près ce texte nous renvoi à la Pâque du Christ que l'on
peut nommer les noces de l'alliance nouvelle et éternelle, les noces
de l'agneau.
Pour illustrer cela,
les premiers mots que la traduction liturgique a laissé tomber
mentionne que cela se passe « le troisième jour ». Le
troisième jour de quoi ? On n’en sait rien, mais à nos
oreilles, nous saisissons le code : il y a un lien avec la
Résurrection !
La Mère de Jésus
était là comme un autre moment ou Jean la désigne : au pied de la
croix.
Jésus est au repas de
noce avec ses disciples comme il sera avec ses disciples à un autre
repas : la Cène.
Le bon vin en abondance
renvoie à celui que Jésus donnera à ses disciples en leur disant :
« ceci est le sang de l'alliance nouvelle et éternelle versé
pour la multitude en rémission des péchés ». C'est ce que
nous célébrons en chaque eucharistie en mémoire de lui.
La mère de Jésus est
là au début de cet Evangile, au commencement des signes de Jésus,
car elle poursuit sa mission de mère du Sauveur.
Plus que de lui donner
naissance, elle suscite son action, son œuvre, dans la foi qu'il
pourra rétablir ce qu'elle remarque comme manque !
Elle intercède auprès
de lui comme elle intercède encore pour nous aujourd’hui face à
nos manques et à nos misères.
La réponse de Jésus
semble écarter cette mission. Pourtant il écoutera sa mère et
viendra au secours des noces, permettant de nous faire comprendre que
si l'heure de la Pâque n'est pas encore venue, sa mission commence
dès maintenant. Le signe de Cana devient alors signe du salut
qu'apporte le Christ en venant parmi les hommes.
La mère de Jésus
invite à la foi comme elle le fait encore pour nous aujourd'hui :
« Faites tout ce qu’il vous dira. »
Ne demandons-nous pas
la même chose quand nous disons : « Que ta volonté soit
faites» ?
Elle aurait pu ne pas
oser demander, les serviteurs auraient pu ne pas agir face à ce qui
semble impossible, et sans doute n'y aurait-il pas de signe.
Cette confiance dans la
volonté de Dieu envers les hommes nous demande de l'accueillir
seulement comme un Dieu d'amour qui désir que l'homme n'est pas la
fête de sa vie qui tourne cours. Elle appelle à croire qu'en lui
tout est possible et qu'il veut pour nous le bonheur et la vie.
La Mère de Jésus à
cette confiance depuis le début, non pour savoir, mais pour mettre
sa foi en Dieu qui sait donner ce qui est juste et bon.
La foi c’est donc
aussi cela. Non pas croire sans chercher à comprendre, mais entrer
dans une telle confiance que l’on peut dire : même si je ne
sais pas de quoi demain sera fait, je sais que le Seigneur fera tout
ce qui est juste est bon pour moi. C’est comme la prière de
Charles de Foucault par exemple : « Père je m’abandonne
à toi, fait de moi ce qu’il te plaira… car tu es mon Père…. »
C'est pour nous montrer cet amour que
Dieu nous parle en utilisant le langage des noces, de l'alliance que
nous pouvons aussi tisser dans notre vie par amour.
Relisez la première lecture qui en
est une belle illustration.
Les noces de Cana nous
parle surtout des noces de Dieu avec l'humanité en son Fils Jésus.
Ce vin nouveau qui
jaillit des cuves et qui est servi à tous, c’est le vin nouveau du
Royaume inauguré en Jésus-Christ. C’est sa vie offerte pour la
multitude et dans laquelle nous entrons par le baptême.
« Heureux les
invités au repas du Seigneur », je dirais avant la communion.
Heureux ceux qui vivent dès à présent de la vie du Royaume et
heureux tous ceux qui y sont conviés alors même qu'ils n'ont
peut-être pas encore donné de réponse.
C’est pour que tous
les hommes soient sauvés que le Verbe s’est fait chair. Et tous en
bénéficie. Beaucoup ne savent pas d’où cela vient, comme le
maître du repas ne sait pas d'où vient ce vin. Mais certains le
savent, ce sont les serviteurs qui ont écouté la Parole. C’est
d’ailleurs à cette place que Jésus s’est situé au cours du
dernier repas pour que nous soyons aussi, à l'écoute de sa Parole,
des serviteurs et des témoins de sa présence au milieu de notre
humanité.