Marko Ivan Rupnik |
2ème dimanche de Pâques
2018
Nous célébrons aujourd’hui la fête de la miséricorde. La miséricorde s’exprime dans toute la vie de Jésus et particulièrement dans sa mort et sa résurrection qui sont inséparables.
Les disciples vont faire l’expérience de la miséricorde de Dieu :
eux qui avaient fuit devant l’adversité et qui sont enfermés dans la crainte,
Pierre qui avait renié,
Thomas qui ne veut pas croire la parole des témoins.
Jésus les rejoint, il vient, il est là.
Non pas pour leur demander des comptes, mais pour leur dire une fois encore son Amour, la miséricorde de Dieu, qui relève, qui pardonne et qui guérit les coeurs brisés.
La miséricorde de Dieu est pour nous encore un appel à la foi ! C’est Dieu qui nous sauve. C’est lui qui nous relève patiemment, avec tendresse, avec amour, et qui veut faire de nous des témoins joyeux.
Les récits des apparitions du ressuscité que nous entendons ces jours nous disent cela.
En ce jour, l’Evangile nous rapporte la rencontre des disciples avec Jésus vivant, et Thomas est invité à la foi par celui qu’il confessera être son Seigneur et son Dieu.
C’est avec les plaies de la passion que Jésus se fait reconnaître. C’est le Seigneur ressuscité, marqué des blessures, qui vient à nous.
Ce ne sont pas des blessures qui accusent. Mais des blessures qui disent son amour qui est allé jusqu’à l’offrande de lui même. Des blessures qui guérissent.
Car si nos propres blessures révèlent nos fragilité et nos faiblesses, et si bien souvent nous cherchons à les enfouir, à les cacher, bien que parfois elles soient visibles comme une marque au milieu du visage, nous pouvons, en regardant Jésus, en l’accueillant tel qu’il se révèle, faire l’expérience qu’elles deviennent le lieu même où je peux accueillir son amour, sa miséricorde.
Les blessures du Christ Ressuscité ne sont pas cachées. Elles révèlent un Dieu qui s’est fait vulnérable et si proche qu’il nous dit par là son amour. Son côté ouvert, devient la source de toute bénédiction, la source du salut, de sa miséricorde. Se réalise la prophétie d'Isaïe : “par ses blessures, nous sommes guéris.”
C’est justement pour guérir ses disciples qu’il vient les rejoindre. Non pour faire un spectacle, non pour les impressionner, mais pour les sauver. Les guérir de la maladie de l'âme qui touche leur coeur, celle que l’on nomme le manque de foi ! C’est par miséricorde.
Cette maladie qui nous touche aussi comme les disciples, se reconnaît à plusieurs symptômes ;nous en avons deux dans le texte de ce jour :
Le 1er c’est la peur qui enferme les disciples, et le repli sur eux mêmes.
Le 2nd c’est la fermeture du coeur, c’est l’indépendance. Le refus d’accueillir la parole des témoins. C’est l’indépendance de celui qui préfère se débrouiller tout seul et qui veut obtenir la vérité que de lui même. C’est aussi nos besoins toujours plus grands de signes, de preuves, et d’obtenir des certitudes plus que vivre dans la foi. C’est préférer ce qui s’impose à ce qui se propose. Comme Thomas, incrédule : si moi je n’ai pas de preuve, si je ne constate pas moi même, je ne croirai pas !
Le symptôme de Thomas touche beaucoup de coeurs, ils ne peuvent goûter à la béatitude, à la joie que donne la foi.
Jésus vient guérir l’âme des disciples en leur montrant ses plaies.
Car c’est là que nous accueillons véritablement Dieu tel qu’il se révèle. C’est lui qui est à l’initiative. Ce n’est pas tant l’idée que l’on a de Dieu qui est importante, ni la façon dont on se le représente. Mais c’est lui même, sa Parole et ses actes, sa façon si particulière de se faire connaître et reconnaître.
C’est à la Foi que les disciples sont appelés.
Au bonheur de croire en lui !
Demandons dans la prière, qu’il se révèle proche de nous ; demandons la grâce de le reconnaître déjà présent.
Comme pour les disciples, il nous appelle à la foi, cette foi en lui que nous nourrissons dans la prière, dans l’écoute de sa Parole, dans les sacrements comme celui de l’Eucharistie où il se donne.
La foi ne nous renferme pas, elle n’est pas non plus un lien avec Dieu comme si l’on était seul au monde, mais nous envoi en témoin.
Frères et soeurs, les hommes et femmes de notre temps ont besoin de cette Bonne Nouvelle, la miséricorde de Dieu leur est aussi destinée. Ne restons pas enfermés dans la peur.
Dieu vous a choisis en vous faisant bénéficier de sa miséricorde, il a fait de vous des êtres nouveaux par le baptême. Il vous choisit et vous envoie, avec l’aide de l’Esprit Saint, comme témoins de son amour, de sa miséricorde.
Le Christ est ressuscité,
il est vraiment réssuscité !
Alléluia.
“Dans la miséricorde, nous avons la preuve de la façon dont Dieu aime. Il se donne tout entier, pour toujours, gratuitement, et sans rien demander en retour.” Misericordiae Vultus n°14