Job 19, 1... Ps 26...Mc 15,33...
Ces quelques mots que je commence à vous dire en ce jour de peine et de douleur, ne sont pas les mots d’une plaidoirie qui chercherait à convaincre. De quoi pourrions nous être convaincu quand la mort d’un être cher vient briser toute certitude, vient nous mettre en naufrage ?
La mort toujours inattendue, celle que l’on redoute, celle qui nous atteint au plus profond de notre être comme aucune autre douleur ne nous atteint, nous scandalise toujours, nous pousse à la recherche d’une bouée de sauvetage. Y aura-t-il des réponses aux questions qui nous traversent ?
Parfois, elle nous afflige tellement que nous nous réfugions nous même dans le néant, ne désirant qu’aucune parole ne nous atteigne, qu’aucun geste ne nous secours, la réalité de ce que nous vivons doit demeurer intact car aucune parole ne pourra vraiment la changer.
Pourtant au milieu de cette nuit nous pressentons la nécessité d’un passage. Sans quoi nous finirions par demeurer nous même dans la mort. Une mort intérieur, celle du coeur, celle de l’âme.
La Parole de Dieu, nous réveille de cette torpeur. Elle nous bouscule. Elle devient un baume pour l’âme qui ne veut pourtant être guérie et qui résiste de mille questions. Elle est ce médicament amer qu’il nous faut avaler pour tenter une guérison d’une blessure qui nous semble incurable.
Job ! Le bon vieux Job !
L’ami souffrant de la Bible !
Celui dont les malheurs font crier à l’injustice !
Celui qui a connu la souffrance jusqu'à être abandonné de tous, mais qui garde sa fidélité à Dieu !
Job lui même nous dérange ! Comme il a d’ailleurs dérangé ses proches et ses amis qui lui disaient : mais qu’attends tu pour rejeter Dieu, tu vois bien qu’il t’abandonne, pire qu’il te maltraite !
Et Job qui représente la foi au milieu des épreuves confesse ouvertement après bien des tourments : “je sais moi que mon libérateur est vivant … et que je me tiendrai debout, et de mes yeux de chair, je verrai Dieu.”
Que Job puisse intercéder pour nous, et pour M..., lui le vivant, debout devant Dieu.
Et puis il y a celui qui est venu pour révélé l’amour de Dieu.
Il y a Jésus, là, sur la croix.
Frères et soeurs, quand j’ai appris la mort de M... avec qui j’avais beaucoup parlé. Je n’ai pas su prier !
Je ne savais que dire! Et les mots de la Bible me semblaient indécents !
Mais je me suis mis en silence devant la croix comme les femmes de l’Evangile, et j’ai regarder le Christ là, mort, ayant vécu ces derniers instants dans la souffrance et l’abandon. Ayant crier comme nous même peut-être et parfois sans doute comme M... qui priait souvent. “Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?” Là dans le crie de Jésus il y a toute la misère des hommes qui ne comprennent pas le sens du mal, de la souffrance et de la mort. Il y a Jésus qui crie avec nous. Il y a Dieu qui se tient avec nous, comme il s’est tenu je le crois, avec M..., jusqu’au bout jusqu’à crier avec elle la douleur inexprimable.
Tout cela demeure un mystère. De même que Dieu, la vie, l’amour, demeure mystère dans nos vies, de même ce scandale de la souffrance et de la mort demeure impénétrable. Jésus lui même comme disait Claudel ne l’a pas expliqué, ni même justifié, il est venu la vivre avec nous et pour nous, et la remplir de sa présence.
Après cela nous avons lu l’annonce de la résurrection. L’annonce du tombeau vide !
Dans ce même texte, comme dans la vie de M..., il y a ce contraste : la douleur et la confiance, la peur et la foi, la détresse et la consolation.
Cette annonce est aussi pour nous. Elle est source d’espérance que la mort, la souffrance, le mal, n’auront pas le dernier mot.
Que faire maintenant ?
Je crois que nous n’avons ni à justifier l’acte de M..., ni même à le rejeter. Ce qui est fait et fait, nous n’y pouvons rien.
Il n’est pas plus opportun de vouloir s’enfermer dans une quelconque culpabilité. Ce serait encore chercher des justifications et nous mettre au centre, préférant avoir un coupable que rien du tout !
Il nous faut je crois, repartir humblement, les mains vides, et continuer à aimer M.... Il nous faut sans doute aussi encore grandir dans l’amour. L’amour des autres, leur manifestant attention et tendresse, l’amour de soi même avec nos blessures et notre histoire, et l’amour de Dieu qui nous a dit le sien en nous donnant Jésus.
Ce qui restera c’est l’amour. Cela ne meurt pas.
Cet amour nous réunira, en Dieu, quand il essuiera toute larme de nos yeux et qu’avec Job et ceux que l’on a connu et aimé, nous pourrons le regarder face à face.
Amen.