Frères et
Sœurs, contrairement aux bergers, nous n'avons sans doute pas
entendu les anges nous dire qu'il fallait venir à la messe ce soir !
Ni même simplement nous faire part de la naissance du Sauveur.
Pourtant nous avons reçu, nous aussi cette annonce !
Ce soir nous
ne sommes pas là pour un spectacle, ni même une commémoration,
mais bien pour célébrer la venue de Dieu en notre humanité.
Les lectures
de ce soir nous ont rappelé le don qui nous est fait ! « Un
enfant nous est donné ! »
C'est au
cours de l'histoire que surgit la venue du Christ. Et cette venue à
bouleversé l'humanité.
Ce qu'il
s'est passé et qui nous est rapporté par les Evangiles et les
apôtres, a frappé les oreilles de tant d'hommes et de femmes, leur
donnant de répondre par l'intermédiaire de la foi à Jésus
Sauveur.
Si Dieu a
marqué d'une manière incomparable l'histoire des hommes en se
manifestant à tous en la personne du Christ, il ne s'impose pas à
nous pour autant.
La
simplicité, l'humilité, la discrétion de la crèche, montre qu'il
vient en laissant place à notre liberté de répondre.
Il vient
rejoindre les bergers là ou ils sont, dans leur lieu de vie et de
travail, pour les inviter à accueillir, à se mettre en route vers
celui qui peut combler leur espérance.
Ils auraient
pu ne pas répondre. Ne pas se déplacer. Ils auraient pu considérer
cela comme des histoires de grand-mère pour endormir les enfants !
Mais ils ont accepté de se mettre en route et d'aller voir de leurs
yeux et de se réjouir du don qui leur est fait !
Frères et
Soeurs, si nous venons ce soir en cette église, pour réentendre des
histoires à la manière des contes de Noël, il y a peu de chance
que cela change notre vie ! Nous risquons bien alors de nous en
réjouir qu'un instant et passer les fêtes, retomber dans le
train-train quotidien. Il se peut même que nous soyons tenter de
laisser tomber tout cela et de perdre la foi.
Un peu comme
ces enfants qui arrêtent le catéchisme parce qu'il ne sente pas
pris au sérieux et qu'il regarde l'Evangile comme un livre de belles
histoires qu'ils n'ont bien sûr plus besoin pour s'endormir !
L'Evangile
n'est justement pas là pour nous endormir mais pour nous réveiller
et nous remettre devant les yeux le sens et la grandeur de la vie qui
nous a été offerte !
Comme je le
dis souvent aux jeunes, nous n'avons que peu de chose à faire, de
savoir comment c'est passer la naissance d'un petit Israélite il y a
plus de 2000 ans, combien même il aurait dit des belles choses !
Mais la fête
de la nativité du Seigneur appelle à la foi en un Dieu qui est
proche. Dieu rejoint notre vie quotidienne et nous propose de vivre
dans la confiance.
La fête de
la nativité change notre regard sur Dieu quand nous le considérions
comme loin de nous. Elle nous donne d'accueillir le Dieu éternel et
véritable dans la fragilité d'un petit enfant. Il se risque à être
rejeté et pourtant se propose sans cesse à chacun de nous sans
condition, sans mérite, juste par amour !
Dans cette
relation, la vie chrétienne devient passionnante. Elle nous met en
contact avec celui qui nous connaît mieux que nous même, qui parle
à notre cœur, qui nous permets de regarder le sens de notre vie et
sa destiné plus que ce qu'on laisse derrière soi !
De la crèche
à la croix, de l'incarnation à la résurrection, Dieu ne cesse de
se donner comme chemin de vie. Il se donne même en nourriture pour
nous et nous appelle à devenir membre de son corps.
Nous pouvons
être fier de notre foi ! Car nous avons la joie de connaître
et d'aimer celui qui n'est qu'Amour !
Nous pouvons
être heureux, non d'une joie superficielle, passagère ou naïve,
mais d'être conduit des ténèbres à son admirable lumière.
Nous pouvons
véritablement vivre dès maintenant de la joie de croire.
Combien
pensent qu'ils sont en recherche ! Alors que c'est Dieu lui même
qui nous cherche et qui vient à notre rencontre.
Combien
peuvent se dire : « j'ai la foi ! » Comme si la
foi était d'ouvrir un livret d’Épargne dont on pourrait se servir
en cas de besoin !
Comment
accueillons-nous et vivons-nous du don de Dieu ?
Si nous
n'écoutons que rarement l'Evangile, si nous ne venons pas puiser à
la source qu'est l'Eucharistie, si nous ne prions pas même un tout
petit moment chaque jour ? Il ne faut pas s'étonner d'avoir
l'impression que la foi n'apporte rien ! Et Dieu au lieu de
devenir notre ami et la source de notre joie véritable, devient une
idée, une option que l'on choisi parmi tant d'autres ou parmi
d'autres activités. La foi ce n'est pas cela ! Mais bien une
relation à une personne vivante et vraie.
Encore une
fois l'enfant de la crèche ne viendra pas s'imposer à nous. Il ne
viendra pas nous séduire comme savent le faire les propositions
commerciales. Il ne viendra pas pour nous demander de nous couler
dans le moule de la bonne pensée du moment qui fera croire d'être
enfin à la page !
Celui qui
veut l'accueillir, celui qui veut être son disciple, connaîtra
comme tout un chacun les joies, les difficultés, les tristesses et
les angoisses des hommes de notre temps. Car il partagera en tout
point leur vie. Il connaîtra aussi des épreuves comme le Christ en
a connu en son temps, mais il pourra les vivre avec le don et la
force de l'Esprit Saint qu'il communique.
Au milieu de
ce monde il sera comme tout le monde et pourtant il y a une Bonne
Nouvelle qui habitera son cœur et pourra le rendre lumineux. Son
espérance dépassera souvent la logique humaine.
Je vous
invite Frères et Soeurs en cette nuit à vous réjouir du don qui
vous est fait en Jésus, parce que Dieu vous aime.
Redites-lui
votre confiance. Choisissez le comme compagnon de route et comme ami.
Car s'il
vient ce n'est pas juste pour une nuit de Noël, mais pour habiter
nos vies de tous les jours. Si par l'Eucharistie que nous célébrons
il nous donne sa Parole et son Pain, c'est pour mieux nous retrouver
dans notre travail, dans nos loisirs, dans nos relations amicales,
familiales et professionnelles.
C'est là
que nous pourrons rester en sa présence, c'est là que nous pourrons
transmettre sa lumière, c'est là qu'il nous attend.