La Nativité - Lorenzo Costa (1460-1535) - Musée des Beaux-Arts de Lyon |
Fête de la Sainte Famille – 2012
Frères et
Sœurs, chaque année, la fête de la Sainte famille dans l'octave de
Noël, nous permet de célébrer la venue du Dieu Sauveur en notre
humanité.
Il se fait
l'un de nous et s'inscrit dans la famille humaine en prenant place
dans une famille spécifique, ou il grandira en sagesse, en taille et
en grâce comme nous le dit St Luc.
Nous
pourrions remarquer que Jésus passe plus de temps au sein de cette
famille de Nazareth que dans sa mission publique. N'y avait-il pas
pourtant urgence à annoncer le Royaume ? A rejoindre tout
homme ? Peut-être bien que déjà là, dans cette enfance à
Nazareth, il révèle le Père. « Ne saviez vous pas que c'est
chez mon Père que je dois être ? » Répond-il à Marie
et Joseph qui se sont fait du soucis en le cherchant.
Comment
entendre la réponse de Jésus ? Comme un reproche ? Je ne
pense pas.
Je l'entend
comme un appel à la foi. Une invitation à regarder plus loin que
l'enfant de Nazareth et pour nous plus loin que le poupon de la
crèche ! Une invitation à comprendre qu'il est venu pour
accomplir les Écritures et que sa Parole est vraiment une lumière
qui peut éclairer nos vies pour mieux en saisir le sens.
« Marie
garde toutes ces choses en son cœur ». Elle reçoit la Parole
comme elle l'a toujours accueilli en elle. C'est habitée de cette
Parole qu'elle se tiendra debout au pied de la croix pour ne plus
voir seulement un supplicié abandonné de tous, mais un fils uni à
son Père, qui révèle son Amour.
Son
obéissance à l'Amour du Père passe par l'incarnation qui se
traduit autant par la venue de Dieu en notre chaire que par sa
dépendance à ses parents.
Que retenir
aujourd'hui de cette fête de la Sainte famille alors qu'elle
pourrait nous faire rougir de honte en comparaison avec les nôtres ?
La liturgie
semble d'ailleurs en rajouter une couche en osant nous faire prier en
ouverture : « Tu as voulu Seigneur que la Sainte famille
nous soit donnée en exemple ! »
Quel
exemple ! A quoi cela sert-il de comparer l'incomparable ?
Pourrions nous trouvez une similitude ? Dans toutes celles que
j'ai croisé aucune ne peut ressembler à celle-ci, et c'est bien
normal. Mais celle-ci a quand même quelque chose à nous dire !
Nous pouvons
vivre à l'exemple de Marie, de Joseph de Jésus. Ils n'ont pas
cherché à vivre pour leur réussite personnelle mais sont restés à
l'écoute de la parole de Dieu et ont désiré que s'accomplisse son
œuvre. Ils ont vécu leur vie quotidienne à la lumière de la foi
qu'ils avaient en Dieu leur Père. Et si Jésus invite Marie et
Joseph à ne pas se faire tant de soucis c'est surtout pour que ces
parents deviennent comme lui des enfants bien aimé du Père, qui
peuvent demeurer en lui.
Cette Sainte
Famille nous invite donc à ne pas l'utiliser comme modèle de
perfection morale mais bien comme appel incessant à un chemin de
foi, de confiance totale au Dieu d'amour, et ce là où nous
demeurons habituellement et dans les relations que nous recevons.
Oui la
Sainte famille est bien particulière et nous n'en savons que peu de
ce qu'elle a vécu, mais elle nous parle de l’œuvre de Dieu qui
s'accomplit en notre humanité, de l’œuvre de Dieu qui s'accomplit
là où est accueilli la Bonne Nouvelle comme chemin de vie.
La Sainte
famille nous donne de croire que Dieu nous donne sa lumière pour
vivre des relations de charité au cœur même de nos familles :
lieu d'amour et de dépassement de soi, lieu de confiance et de
pardon, mais aussi lieu de tristesse, d'angoisse, de violence, de
déception ou de rancune.
Elles sont à
leur mesure le lieu où se vivent les relations les plus humaines,
nous demandant de nous situer dans la vérité !
Elles sont à
leur mesure la révélation de ce qui se vit dans la famille humaine.
C'est d'ailleurs pour cela que Jean-Paul II en parlait souvent comme la
cellule fondamentale de la société.
Cette
famille c'est aussi celle de Dieu dans laquelle nous pouvons entrer
par la foi. C'est ce lieu où nous pouvons nous reconnaître « enfant
bien aimé du Père » comme l'a été le Christ. Cette relation
nous demande une conversion permanente pour savoir regarder l'autre
non plus comme un individu mais comme un frère à aimer.
Je vous
invite donc Frères et Sœurs en ce jour à prier pour nos
différentes familles, afin qu'elles soient capable de véritables relations fraternelles.
C'est là
que se construise les hommes et femmes qui prennent petit à petit
leur place dans la grande famille humaine. C'est là qu'ils peuvent
découvrir la vocation de l'homme suscité par Dieu en son amour.
C'est là qu'ils peuvent aussi naître à la foi et faire
l'expérience de la communion, de l'Eglise.
C'est là
que peuvent se vivre déjà la parole du Christ : « C'est
à l'amour que vous aurez les uns pour les autres, que l'on
reconnaîtra que vous êtes mes disciples ! »
C'est aussi
dans la famille de nos communautés ecclésiales qu'il nous faut nous
laisser convertir. Pour ne plus regarder l'Eglise, comme une
multinationale, ni même comme une juxtaposition de petites
communautés en concurrence les unes aux autres mais comme
l'assemblée des frères, sauvés par l'unique Seigneur et appelés à
vivre de sa Charité.
Prions afin
qu'en tous ces lieux nous accueillions la Parole de Dieu comme la
lumière véritable. Que l'Esprit Saint nous guide, nous façonne et
éclaire nos relations. Car Dieu est venu en notre humanité pour
nous rejoindre dans ces relations les plus simples, les plus
ordinaires et quotidiennes de notre existence.