23eme DTO B
Est-ce un miracle de plus que nous raconte St Marc dans son Evangile?
Pas seulement, c’est peut-être pour nous l’occasion de mieux comprendre et accueillir le salut offert par Dieu en Jésus son Fils notre Sauveur.
Ce récit dit tellement bien l’action de Jésus pour l’homme, que la liturgie du Baptême de l’église catholique insère un rite appelé Ephata dans son déroulement.
De même, les catéchèses de nombreux Pères de l’Eglise auront à coeur de montrer l’entrée dans la vie chrétienne comme un acte de guérison que Jésus opère dans la vie du nouveau croyant.
Voilà donc pour nous aujourd’hui, en ce dimanche où nous célébrons la mort et la résurrection du Christ, l’oeuvre de salut par excellence, une autre façon d’entendre ce salut offert, cette oeuvre de Dieu qui s’accomplit.
Le salut se compare à la guérison de cet homme ; à son ouverture au monde. Jésus ouvre ses oreilles, il délie sa langue.
Jésus pose comme un acte médical assez simple. Ce n’est pas magique. C’est un geste posé sur un corps qui est le lieu où l’on se tient pour être en relation avec l’extérieur. Le salut n’est pas qu’une oeuvre spirituelle, il passe par notre corps. Ce corps dont Jésus prend soin. Ce corps appelé aussi à la vie mais qui n’est pas toute la vie. Ce corps par lequel nous recevons aussi les dons de Dieu. Notamment à travers les sacrements dont les signes touchent nos corps pour rejoindre nos coeurs.
Jésus met cet homme à l’écart de la foule. Il a une relation particulière avec lui. En touchant son corps, il lève les yeux au ciel et soupir. Et cela nous parle déjà beaucoup.
Pour naître au monde qui nous entoure, pour être capable de relation vraie dans une véritable écoute de l’autre et dans une parole qui soit ajustée et bonne, nous avons besoin de nous mettre un peu à l’écart avec Jésus pour le laisser nous ouvrir à cette relation nouvelle avec Dieu et avec nos frères. Nous avons besoin du souffle de Jésus. De son soupir qu’il donnera pour tous les hommes sur la croix et qui est le don de l’Esprit Saint. L’Esprit de Dieu est créateur et re-créateur, il nous restaure et nous relie à Dieu et à nos frères.
Dans la prière, nous éprouvons le besoin d’être guérit et restauré de nos surdités et nos difficultés à parler justement à Dieu et de Dieu.
Le première office de la journée des moines commence par cette belle invocation du psaume 51, 15 : “Seigneur ouvre mes lèvres et ma bouche publiera ta louange”.
Nous pouvons aussi reprendre à notre compte cette demande : Seigneur ouvre mes lèvres pour ta louange. Mais aussi : Seigneur ouvre mes lèvres pour bénir et non juger. Pour encourager et non enfermer. Pour être témoin de ta parole plus que des derniers commérages.
De même, pour rester avec les moines, la règle de St Benoit commence par cette invitation qui reprend les paroles du livre des Proverbes 22, 17 : “Ecoute, ô mon fils, l’enseignement du maître et incline l’oreille de ton coeur!”.
Jésus en fera une béatitude en Lc 11, 28 “Heureux celui qui écoute la Parole de Dieu et qui la garde”.
Il est difficile de vraiment écouter. Et nous pouvons demander à Dieu qu’il ouvre nos oreilles pour nous rendre attentif à percevoir dans sa parole ses appels pour aujourd’hui. Qu’il ouvre aussi nos oreilles aux autres, pour écouter vraiment, pour accueillir l’autre dans ce qu’il dit derrière les mots qu’il exprime.
Jésus vient donc nous sauver en nous mettant de nouveau en relation avec Dieu et avec nos frères. Le péché n’est-il pas d’ailleurs ce qui divise, ce qui isole. l’ennemi, le diviseur, sème l’ivraie, la zizanie dans la champ du Royaume. Ce n’est pas pour rien que Jésus a invité ses disciples à demeurer en lui et à prier pour l’unité.
Car il nous est plus facile de nous diviser, de mettre à l’écart, de rejeter, que d’accueillir l’autre dans sa différence et de chercher avec lui des chemins qui nous rapprochent et nous unis.
C’est d’ailleurs dans ce sens que St Jacques dans sa lettre aujourd’hui, nous montre un exemple très concret. Il touche du doigt une pratique tellement facile et ordinaire. Celle de faire des différences entre les hommes. Celle de juger selon les apparences, selon de faux critères dit-il.
Dieu ne fait de différence entre les hommes. Mais toujours il choisi ce qui est petit et pauvre, pour que l’homme ne se gonfle pas d’orgueil en ses capacités et soit dans la joie de l’accueillir en vérité.
Laissons donc Jésus venir nous toucher en cette eucharistie et recevons les mots du rite de notre baptême : Effatah nous dit Jésus, Ouvre toi !
“Que le Seigneur Jésus qui a fait entendre les sourds et parler les muets, te donne d’écouter sa Parole, et de proclamer la foi pour la louange et la gloire de Dieu le Père. Amen.”