Ce sont les mots de la prière qui introduit notre célébration ce soir.
Nous célébrons la fête de la nativité du Christ, et si nous sommes là ce n’est pas simplement pour faire mémoire d’un moment passé. Ce n’est pas non plus pour perpétuer une tradition qui serait voulue par les hommes. C’est pour entrer dans la joie et célébrer l’initiative de Dieu, de rejoindre tous les hommes et de venir habiter parmi nous en Jésus.
Si parfois nous pouvons avoir du mal à croire, à entrer dans la foi, ce n’est pas que nous sommes plus intelligent ou plus bête que les autres.
C’est surtout, me semble-t-il, que nous avons du mal à regarder au delà de nous même.
Comme si tout dépendait de nous. Comme si en dehors de l’homme et de ce qu’il est capable il n’y avait que rêve ou superstition. A un tel point qu’au fond on peut se demander : à quoi Dieu peut-il bien servir en ce monde où tout doit être utile et efficace ? à quoi bon se fier en lui ? qu’est-ce que cela peut m’apporter ? Dieu ne serait-il pas qu’une consolation passagère, un remède pour atténuer la crainte ?
La fête de Noël n’est pas là pour nous faire entrer dans l'imaginaire d’un instant. Ce n’est pas le bref repos dans le remue-ménage de nos vies !
La fête de Noël nous donne d’accueillir le don de Dieu !
Elle nous replace devant ce Dieu que nous pouvons croire, chercher, ou qui nous questionne.
Elle nous place devant un Dieu qui se fait petit enfant pour que nous puissions mieux l'accueillir. Il y avait une prière de Noël qui disait : “pour ne pas effrayer les hommes devant votre toute puissance, vous avez choisi de devenir petit enfant”.
Ce petit enfant nous dit à la fois que Dieu vient en notre vie de manière discrète et qu’il ne s’impose pas à nous.
Que la Bonne Nouvelle du Salut offert par Dieu est pour tous les hommes car il les aime, comme le chante si bien les anges et que nous reprenons dans le gloire à Dieu.
Que ce salut est offert à tous mais qu’il ne peut être accueilli que dans un coeur de pauvre. C’est à dire capable de reconnaître sa faiblesse, sa petitesse, son vide. Non par une vision misérable de nous même pour humblement se laisser relever et fortifier par Dieu, plus que par les substitues que nous trouvons à la place de son amour.
En regardant l’enfant de la crèche, nous reconnaissons Dieu qui se fait vulnérable.
Il se confie à l’amour d’un homme et d’une femme qui l’aideront à grandir et à prendre sa place dans la vie du monde. Dimanche prochain nous fêterons d’ailleurs la sainte famille.
Il vient en portant le nom et donc la mission de Sauveur. Jésus : Dieu Sauve.
Car c’est bien une opération de sauvetage que Dieu accomplit. Sauvetage de l’homme qui en refusant d’aimer s’enferme dans la mort.
C’est parce que nous nous trouvons en danger de mort que l’auteur de la vie vient prendre nos chemins pour nous donner sa lumière et nous arracher aux ténèbres, nous demandant simplement de l’accueillir et de nous laisser sauver : aimer par lui.
Vous aurez compris que si Dieu désir nous sauver, il ne le fait pas sans nous. Sans notre accord, sans notre ouverture au don de son amour, de son Esprit Saint. C’est dès maintenant qu’il nous faut répondre à celui qui nous ouvre les bras couché dans la paille de cette crèche et qui ouvre encore ses bras fixés au bois de la croix.
L’accueillir c’est venir vers lui tel les bergers, tel les mages, dans la confiance, dans la joie, pour recevoir de lui la lumière véritable.
Il nous donnera alors de regarder notre faiblesse et celle de nos frères comme une chance qui nous est offerte de ne pas se croire seul au monde, mais aimé et fortifié par celui qui comble ce qui nous sépare encore de son amour.
Contempler l’enfant de la crèche c’est aussi, osez regarder et rejoindre tous les plus petits de nos sociétés ! Ceux qu’on ne veut pas voir, ceux qu’on rejette, ceux que l’on supprime pour ne pas gêner notre confort ou pour soi- disant répondre à un droit à … Comme si la liberté était d’avoir le droit de faire ce que l’on veut, alors qu’elle nous demande de choisir. Choisir d’aimer l’autre tel qu’il est et jusqu’au bout, en prenant soin de lui.
Ce sont les petits et les pauvres qui entreront dans le Royaume nous dit Jésus. Ce sont eux aussi qui sauveront notre société, car ils nous apprendront encore ce que veut dire aimer l’autre tel qu’il est et non pas pour ce qu’il me rapporte ou tel que je le rêve.
Alors ce soir, en rendant grâce à Dieu pour le don qu’il nous fait en Jésus notre Sauveur, demandons lui de demeurer dans la joie de son amour et d’être un témoin de sa lumière, là ou nous vivons et auprès de ceux vers qui il nous envoie.
Amen.